Episode 1 ; disparitions

« A l’antenne dans 5… 4… 3… 2… 1… » Le caméraman fit signe qu’il avait commencé à tourner à Liliane Jones, présentatrice du journal télévisé. C’était son dernier, la veille on lui avait fait comprendre qu’il était temps qu’elle prenne sa retraite. Après quarante ans de loyaux services, ils la jetaient comme une vieille chaussette. Peu importe, elle trouverait bien une place sur une plus grande chaine, l’occasion de quitter enfin Olrith. Surtout qu’elle partait sur des chapeaux de roues, la nouvelle qu’elle devait annoncer allait faire piailler les habitants pendant des semaines. « Bonsoir à tous. » Son sourire Colgate en place, elle annonça les nouvelles du jour. « Voici maintenant une information de très grande importance. Deux jeunes femmes et un petit garçon sont portés disparu depuis bientôt deux semaines. Ces disparitions sont d’autant plus inquiétantes que les disparus n'avaient aucun lien. Simple fugue ? Les autorités semblent en douter. » En vérité, la police n’avait pas encore voulu donner d’informations à la presse. Il était évident pour Liliane que cela incluait que les jeunes n’avaient pas fugués. Pourquoi laisser la population dans l’ignorance si ce n’est pour éviter qu’ils tombent dans la psychose ? S’ils avaient voulu les rassurer, ils auraient tout de suite parlé de fugue ou autres drames mineurs. « Il n’est pas à exclure que la soudaine disparition de notre doyenne, mademoiselle Griffith, soit liée. Il est demandé aux habitants d’être vigilants et de rapporter tout comportement suspect à la police, le moindre indice étant capital. » Cette bande d’abrutis allaient être submergés et c’était tant mieux. Ils considéraient que la presse était juste une bande de charognards. Liliane ignora les signes que l’on lui faisait en coulisse. La nouvelle devait passer pour anodine, mais mademoiselle Jones avait décidé de faire un coup d’éclat avant son départ en « retraite », ces cons des ressources humaines n’auraient qu’à assumer les conséquences de leurs actes. « Je crains qu’à présent, Olrith ne soit plus une ville sûre. Cela n’est pas sans rappeler les évènements qui précédèrent l’incendie du château des centaines d’années plus tôt. » C’était la goutte d’eau. Liliane se réjouissait d’avance en imaginant les habitants trembler de peur. Son sourire retrouvé, elle les salua. Dès le lendemain, elle quitterait cette ville isolée de tout, enfin.